Esther Benbassa, invitée de Plan B… comme Bonnaud (Le Mouv’, 07/02/12): Réécouter l’émission
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Le messie et le roman national

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Le messie et le roman national
Le 7 février 2012, Frédéric Bonnaud recevait Jonathan Zaccaï pour son film JC comme Jésus-Christ et Esther Benabassa pour son livre De l’impossibilité de devenir français (LLL).

JC comme Jésus-Christ, un film de Jonathan Zaccaï avec Vincent Lacoste.

Une Palme d’Or à 15 ans, un César à 16, cette année JC passe le bac…
Jean-Christophe Kern, dit JC, n’est pas un adolescent comme les autres.
Mélange de Jean-Luc Godard et Justin Bieber, à 17 ans il navigue entre ses Miel Pops devant la télé après l’école et une vie professionnelle digne d’un Stanley Kubrick.

De l’impossibilité de devenir français – Nos nouvelles mythologies nationales, un livre de Esther Benbassa, publié aux éditions LLL.

« La France est un grand pays, ma fille ; elle a réhabilité le capitaine Dreyfus ».
Ainsi parlait mon père, Juif d’Istanbul amoureux de la France parce qu’elle était pour lui le pays des droits de l’homme, et aussi celui de la liberté et de l’égalité. Ce qui ne l’empêchait pas de continuer en me citant quelques vers de Shakespeare… Ainsi dus-je, dès ma prime enfance, apprendre le français, avec une préceptrice arménienne, ce qui me valut longtemps de parler la langue du pays rêvé avec un accent arménien.
Je pris ensuite, comme il se devait, le chemin d’une école congréganiste pour m’initier aux finesses de la culture qui avait produit Molière et Zola (et aux bonnes manières). Longtemps, la France a incarné des valeurs qui faisaient rêver des populations entières hors, et parfois très loin, de ses frontières. La Révolution, la République et ses principes, les lettres, la culture françaises avaient investi les imaginaires au point que pour beaucoup la France était devenue le symbole même de l’Occident « civilisé ».
Ce pays qui avait émancipé ses Juifs avant toutes les autres nations européennes était l’espérance en marche. Ainsi les Juifs français n’eurent-ils pas de mal à conjuguer harmonieusement les valeurs de la République avec celles des Prophètes bibliques, créant ce « franco-judaïsme » qui permit à des générations entières de s’intégrer à ce qu’ils tenaient réellement pour leur patrie. Plus tard, à leur tour, les immigrés juifs d’Europe orientale diront cela en une formule pleine de saveur : « heureux comme Dieu en France ».